Fonds H20 : mise en garde sur les comptes de H20 AM Holding, leCollectif des porteurs retrace les flux et en appelle aux régulateurs
Paris, le 7 mars 2024 – Deux articles du Financial Times et des Échos les 3 et du 4 mars derniers, ont révélé que le cabinet d’audit Mazars avait émis une mise en garde sur les comptes consolidés 2022 d’H2O AM Holding, maison mère d’H2O AM. Le Collectif Porteurs H2O est en train de réaliser une étude complète des flux d’H2O depuis 2015 (dividendes et autres revenus versés à Natixis IM et à d’autres « tiers de confiance »), à partir d’éléments publics disponibles et lance un appel aux régulateurs français et britanniques.
Mazars a publié un avis défavorable sur les comptes 2022 de la holding de la société de gestion britannique H20 AM. Le cabinet d’audit estime que les comptes consolidés 2022, publiés le 26 février dernier, au Luxembourg, ne « donnent pas une image fidèle de la situation financière » du groupe. Il considère aussi ne pas avoir recueilli suffisamment d’éléments probants sur environ 80 millions de livres sterling (94 millions d’euros) de titres illiquides figurant au bilan. Enfin, les commissaires aux comptes s’estiment incapables de juger si les potentielles pénalités liées aux litiges menacent l’exploitation du groupe.
L’avertissement de Mazars bien que tardif est extrêmement rare. Il met de nouveau en exergue, la volonté de dissimulation et le manque de transparence de la société de gestion H20, par suite des pertes de ses investissements interdits via sept fonds (dits side-pockets) aujourd’hui cantonnés.
Pour sa part, dès les premiers mois suivant le cantonnement des fonds, notre association s’est inquiétée des incohérences dans la consolidation des comptes d’H2O et de l’absence de prise en compte du risque d’indemnisation de la part d’H2O AM et de Natixis IM. Ces doutes, aujourd’hui confirmés, appellent plusieurs commentaires de la part de l’Association des Porteurs H20, qui représente près de 9 000 investisseurs lésés par le scandale H2O et qui a assigné H2O AM, Natixis IM, CACEIS et la société d’audit KPMG devant le tribunal de commerce de Paris en décembre.
Tout d’abord, si l’entité de consolidation ultime, c’est à dire Natixis IM à l’époque, avait prévu d’indemniser les victimes du scandale H20 / Tennor, elle aurait dû constituer une provision pour risques et charges suffisante et distincte. En sus du compte séquestre qui aurait été ouvert par H2O AM Holding SA au Luxembourg, d’après les déclarations des dirigeants à la commission des sanctions de l’AMF. Un fonds, dont le montant sera largement grevé par le règlement des amendes disciplinaires.
Ensuite, devant l’ampleur des pertes déjà connues, H2O AM Holding SA aurait dû s’abstenir de distribuer des centaines de millions d’euros de dividendes à Natixis IM et aux fondateurs d’H2O, notamment Bruno Crastes et Vincent Chailley, tant que les ressources nécessaires à l’indemnisation des victimes du scandale H2O n’étaient pas réunies.
Toutes ces sommes perçues par les actionnaires et prestataires d’H2O AM à l’époque l’ont été aux dépens des victimes du scandale Tennor. C’est pour en connaitre le montant total que le Collectif Porteurs H2O est en train de réaliser une étude complète des flux d’H2O, dividendes et autres revenus touchés par Natixis IM ou autres « tiers de confiance », à partir des éléments publics disponibles.
De son côté, la société de gestion H2O AM Europe SAS et sa société sœur britannique ont contesté le 6 mars sur leur site, la position du commissaire aux comptes de leur société mère affirmant « qu’il est aujourd’hui impossible d’estimer d’éventuelles réclamations judiciaires ». Il s’agit d’une double contrevérité puisque la réclamation judiciaire existe bien et elle chiffrée avec précision.
C’est celle des investisseurs que nous représentons (c’est-à-dire la quasi-totalité des victimes ayant décidé d’agir en justice à date), figurant dans l’assignation qui a été délivrée fin décembre 2023 devant le tribunal de Paris. Le montant cumulé de leurs pertes d’investissement, étayé par deux rapports du cabinet d’expertise Exco, s’élève à 717,40 millions d’euros, auxquels s’ajoutent un préjudice moral évalué à 1 000 euros par personne, ainsi que différents accessoires.
Face aux manœuvres d’H2O AM pour se soustraire à ses obligations vis-à-vis des investisseurs lésés et à l’inertie des « tiers de confiance », l’Association demeure déterminée à faire tout ce qui est en son pouvoir pour que ses membres obtiennent une indemnisation juste et raisonnable.
« Nous appelons l’Autorité des Marchés Financiers, régulateur français, et la Financial Conduct Authority, régulateur britannique, à tirer toutes les conséquences de ces « erreurs » dans les comptes de H2O AM, notamment au regard de la tentative de sortie du capital par Natixis au moment du scandale, et des contrevérités qui continuent à être diffusées par H2O AM » déclare Gérard Maurin, président de l’association Collectif Porteurs H20.